Communautés ethniques dans l’Eglise, une réalité montante dans l’Archidiocèse de Garoua au Cameroun : 48ème congrès annuel de l’Association Chrétienne Moundang (ACM)

De plus en plus, les associations ethniques comme le groupe moundang se rassemblent dans l’Eglise. Le Cameroun dans sa démographie du Nord au sud et de l’est à l’ouest, regorgent de groupements ethniques. Dans la partie nord du pays, la réalité ethnique est forte. Les peuples, quel que soit l’endroit où ils se trouvent prennent souvent un temps pour se retrouver par associations ethniques et mener des activités. Cette réalité est fortement présenteau sein de l’Eglise du Nord Cameroun.

Le 48ème Congrès de l’Association Chrétienne Moundang dans l’archidiocèse de Garoua au Cameroun

Le peuple « Moundang » est originaire de l’extrême-Nord au Cameroun. Mais les mouvements des peuples à travers l’histoire intensifient la diversité dans nos milieux de vie. D’où de nombreux peuples se retrouvent hors de leur terre d’origine. L’Association Chrétienne Moundang quant à elle est née en 1976 à Garoua. Pour ce qui est du Congrèsannuel de leur Association, il s’est déroulé du 3 au 4 Février 2024 en la Paroisse sainte Agnèsde Ouro-Lawane qui est desservie par les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée.

600 personnes du groupe ethnique Moundang étaient réunies pour ce congrès autour du thème « Chrétien, retiens-toi ». Il y avait au menu le partage de la Parole de Dieu, un enseignement pour marquer un temps d’arrêt et réfléchir sur sa relation personnelle avec le Seigneur et son Eglise. Il y avait aussi des jeux pour la détente. Le tout a été clôturé le dimanche 4 Février par la messe solennelle et le renouvellement du bureau de l’association. 

Je suis le père Raphaël Beyene, (OMI), Vicaire et aumônier des jeunes a la paroisse sainte Agnès de Ouro-Lawane dans l’archidiocèse de Garoua.

Les associations ethniques dans l’Eglise sont pour moi une donnée nouvelle. Je suis Originaire de la région du Centre Cameroun. Les groupements ethniques y sont aussi nombreux. Mais je n’avais jamais vu ce que je vois dans l’Eglise ici à Garoua.

La réalité des communautés ethniques dans notre Paroisse sainte Agnès de Ouro-Lawane

La grande Communauté Eglise famille de Dieu est faite de petites communautés. On note d’abord les communautés ecclésiales vivantes (CEV). Il y a les autres groupes et mouvements d’action catholique comme la JEC, L’ACE cop’monde, les enfants de chœur, etc. Et, à coté de tout ça, ces mêmes personnes se constituent aussi en communautésethniques. 

Dans notre paroisse, on distingue au moins 10 communautés ethniques : Moundang, Guidar, Toupouri, Fali, Mafa, Mufu, Daba, Lame, Guiziga, Ngambaye et la « grande famille du Sud » (ce concept m’a un peu amusé quand je l’ai entendu pour la première fois). Comme son nom l’indique, cette communauté rassemble tous les ressortissants du grand Sud-Cameroun.

L’expérience a montré que les chrétiens, notamment les jeunes, sont très actifs dans leurs activités par ethnies. J’ai eu l’occasion de rencontrer le groupe des « jeunes moundang » qui faisait face à quelques difficultés.

Ils étaient nombreux à répondre à cet appel. Les chrétiens participent triplement en Eglise. Ils doivent remplir leur devoir non seulement comme chrétien mais aussi comme membre d’un mouvement, puis comme membre de sa communauté ethnique. Les associations ethniques dynamisent la vie ecclésiale. Cela se voit notamment lors d’évènement comme la fête des récoltes. Notre Eglise paroissiale est encore en chantier. L‘apport des groupes ethniques l’ors des cotisations pour la circonstance est important.

Chaque dimanche après la messe de 8h 30, on voit les Fidèles se rassembler par communautés ethniques. J’ai pris le temps d’interroger les responsables de ces communautéset chacun d’eux m’a parlé de leurs activités. Ils font le partage de la parole de Dieu, des quiz bibliques et des enseignements à partir de la Bible. Ils se soutiennent mutuellement. Faire partie d’une communauté participe de la croissance humaine de la personne. Le philosophe David Hume le dit si bien, « L’Homme n’est homme que parmi les Hommes. » Ces associations sont des groupes de vie. Toutefois leur présence pose aussi quelques défis.

Le défi des associations ethniques dans l’Archidiocèse de Garoua

A Garoua, la plupart des curés ont signalé la même difficulté avec les communautésethniques. Il arrive que le dimanche, un groupe ethnique « déserte » la grande communautéEglise parfois sans rien dire. Ils se rendent souvent dans des assemblées de leur ethnies. Par exemple, les moundang de l’Archidiocèse ont quitté leurs différentes paroisses pour être chez nous. L’information circulait déjà deux semaines auparavant. 

Mais parfois, quand un groupe ethnique doit se déplacer, soit on n’informe pas, soit on le fait seulement la veille. Cela a un impact. On ne mettra pas de barrières aux activités de ces différentes communautés. C’est une joie de se rassembler. C’est encore plus joyeux de retrouver ses « frères du village » comme on dit. Mais puisque l’Eglise est le canal emprunte pour cette fraternisation, le clergé garde un œil vigilant sur ces groupements ethniques.L’objectif est de veiller à ce que la communion ecclésiale soit le rythme de leur conduite.

 

Conclusion

Au regard de ce qui précède, je retiens les points suivants. Premièrement, les chrétiens du Nord se regroupent par ethnies non pas pour diviser mais pour constituer une force dans l’Eglise. De plus, ces groupes doivent mener leurs activités dans la communion ecclésiale, d’où le regard vigilant du clergé sur la vie de ces associations. Qu’à cela ne tienne, il convient de rappeler que « Les fidèles ne perdront pas de vue que l’appartenance a une association ou a un mouvement d’action catholique n’exempte pas la participation à une CEV » (Cf. Directoire Pastoral Provincial de la Province Ecclésiastique de Garoua, Art 217, P. 48). Cela ne fait aucun mal de se rassembler par association ethnique. Mais ces associations, au plan technique ne peuvent être classées au même niveau que les CEV. D’où la recommandation de nos évêques d’être membre et de participer à la CEV. 

 

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