À Garigombo dans la petite commune de la région de l’est Cameroun, en plein cœur du diocèse de Yokadouma, la pluie tombe comme une bénédiction constante de la dame nature. Les gouttes battent les toits de tôle rouillé et des feuilles d’arbres, les chemins se transforment en rivières boueuses de couleur rouge, mais rien ne semble pouvoir ralentir l’élan de Casimir, 21 ans, jeune stagiaire en formation à la maison Yves-Plumey le scolasticat international des missionnaires oblats de Marie Immaculée venu vivre son stage pastoral au rythme de la forêt équatoriale et de la culture de la forêt.
Un stage mensuel, le signe du dévouement
C’est dans ce contexte humide et exigeant que Casimir a été envoyé pour passer ses vacances. Originaire du Tchad, il a troqué le confort de la vie citadine de Yaoundé pour les sentiers glissants et boueuses de Garigombo. Sa mission : vivre au plus près des fidèles qui vivent pour la plupart des chasseurs, partager la Parole de Dieu, et s’immerger dans les réalités pastorales d’un village où la foi est chancelle, mais les moyens limités. Chaque jour, il sillonne les hameaux à pied, à moto parfois sous une pluie battante, le pantalon trempé et la Bible protégée dans un sac en plastique. À ses côtés, un objet attire l’attention et suscite la curiosité : un large chapeau africain, tissé main, orné de motifs traditionnels, qu’il porte fièrement comme un emblème de son engagement et sa petite croix au cou qui est son signe distinctif.
Le chapeau, un symbole
Ce chapeau, plus qu’un simple abri contre la pluie, est devenu pour beaucoup un symbole. “Quand les enfants m’aperçoivent de loin, ils ne disent plus ‘voilà Casimir’, ils crient : ‘le pasteur au chapeau noir arrive avec sa croix Oblate !’”, raconte-t-il en riant. Même les anciens ont adopté l’image : “Ce chapeau, c’est un peu sa marque de missionnaire d’être parmi les pauvres et avec les pauvres.”
La foi: Entre la boue et la fraternité
Casimir anime les prières quotidiennes à la paroisse et les dimanches dans les chapelles éloignées du centre, participe aux célébrations dominicales, participe aux activités de la paroisse avec les jeunes, il rend visite aux paroissiens et connaissances , et surtout, il écoute. Il passe de longues heures à discuter avec les familles, les jeunes, les enfants à consoler, à conseiller. “Ici, on apprend que le ministère ne se limite pas à l’autel. Il se vit aussi dans la boue rouge, la forêt avec les chants d’oiseaux, sur les chemins inondés, dans les cuisines enfumées des fidèles”, explique-t’il. En collaboration avec le curé de la paroisse, il accompagne également des campagnes de sensibilisation des jeunes et à la santé des habitants de la forêt, particulièrement cruciales en saison des pluies où le paludisme et les maladies hydriques font des ravages énormes.
Une vocation consolidée
À quelques jours de la fin de son stage, Casimir ne cache pas son émotion : “Ce stage m’a confirmé que je suis à ma place. Servir ici, malgré les conditions difficiles, m’a rapproché du cœur même de l’Évangile surtout être avec les pauvres et parmi les pauvres.” Alors que la pluie continue de tomber en rideaux serrés sur le toit de l’église en feuilles des tôles rouillés, Casimir remet son chapeau avec un sourire. Il sait qu’après lui, d’autres viendront. Mais son passage à Garigombo restera, pour les villageois comme pour lui, un moment de grâce gravé dans le cœur et dans la communauté paroissiale.


Père Gilbert VANDI, Omi