À Garoua, dans le nord du Cameroun, l’émotion était à son comble. Soixante-dix ans après son érection, la cathédrale Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus a été solennellement consacrée. Une double célébration inédite, entre mémoire vivante et espoir renouvelé pour l’Église locale et ses fidèles. Il est un lieu où les pierres parlent, où les murs respirent la foi, et où les cloches battent au rythme du cœur d’un peuple. Ce lieu, c’est la cathédrale Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus de Garoua. Le 04 octobre 2025, elle a enfin reçu sa consécration officielle, couronnant soixante-dix ans de vie pastorale et communautaire. Une première dans l’histoire de cette église emblématique, érigée en diocèse en 1955, devenue cathédrale avec la création de l’archidiocèse en 1982 mais jamais consacrée jusqu’à ce jour.
Une ferveur populaire à Garoua à la hauteur de l’événement
Dès les premières lueurs du jour, des milliers de fidèles ont convergé vers le parvis de la cathédrale sainte Thérèse de l’enfant Jésus. Les délégations diocésaines, les congrégations religieuses, les chorales en tenues bigarrées, les notables traditionnels, et les autorités civiles ont répondu à l’appel de l’histoire. À la tête de la célébration le nonce apostolique au Cameroun et en Guinée équatoriale, entouré d’une quinzaine d’évêques et plus de cent cinquante prêtres venus du Cameroun, du Tchad et de la France. Au cœur de la liturgie, le rite de consécration : aspersion des murs, onction de l’autel, encensement solennel. Dans l’assemblée, les visages s’illuminent, les yeux brillent, les mains s’élèvent. « C’est plus qu’une messe, c’est un moment sacré que nous vivons. La cathédrale devient vraiment la maison de Dieu », confie Antoine, jeune paroissien de la cathédrale.
70 ans d’histoire, de foi et de mission à Garoua
La consécration a été l’apogée d’un jubilé de 70 ans lancé un an plus tôt, en 2024, pour commémorer l’ancrage de cette cathédrale dans la mémoire collective. Construite grâce aux efforts conjoints des missionnaires oblats de Marie Immaculée, du diocèse et des communautés chrétiennes du Nord-Cameroun, la cathédrale Sainte Thérèse de l’enfant Jésus est rapidement devenue un phare de foi dans une région à majorité musulmane. « Elle a traversé les époques, les transitions politiques, les mutations sociales, sans jamais perdre sa mission première : accueillir, enseigner et accompagner », souligne l’abbé Abba, vicaire général du diocèse. Des ordinations, des conférences historiques, des messes jubilaires dans les zones épiscopales, des témoignages d’anciens fidèles, et même une capsule temporelle scellée dans les fondations : tout a été mis en œuvre pour honorer la mémoire d’un édifice qui a grandi avec sa communauté.
Sainte Thérèse de Garoua : Une cathédrale renouvelée pour une Église en marche
La cérémonie du 04 octobre a également été l’aboutissement d’un vaste chantier de réhabilitation, entamé en 2023. Toiture restaurée, façade rénovée, vitraux replacés, bancs retravaillés, équipement sonore modernisé : la cathédrale fait peau neuve, sans renier son âme. Les financements ont été en grande partie assurés par les contributions locales, preuve d’un attachement populaire profond à l’église locale. Mais plus qu’un simple lifting architectural, c’est une Église renouvelée dans sa mission qui a été célébrée. Dans un contexte régional marqué par la précarité, les déplacements de populations et les tensions intercommunautaires, l’Église de Garoua veut se faire « sanctuaire de paix, de dialogue et de solidarité », selon les mots de Mgr Faustin Ambassa.
Sainte Thérèse de l’enfant Jésus, la patronne d’une Église proche des humbles
Patronne des missions, Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, docteure de l’Église et sainte de la « petite voie », incarne à merveille l’esprit que veut désormais insuffler la cathédrale consacrée : un engagement humble, concret, tourné vers les plus faibles. Son message de confiance et d’amour gratuit résonne avec force dans cette région en quête d’espérance.« Nous voulons que cette cathédrale soit le cœur battant d’une Église qui écoute, qui console, qui accompagne, a affirmé l’archevêque en conclusion de la célébration.»
La Consécration solennelle de la cathédrale de Garoua
Avec cette consécration historique, Garoua n’a pas seulement célébré un bâtiment, mais une communauté en marche, un héritage vivant et une Église qui regarde l’avenir avec foi. Sainte Thérèse peut être fière : sa « petite fleur » a bien fleuri sur les terres du Nord.




Père Gilbert VANDI, Omi