« Et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai tous les hommes à moi » (Jn 12,32) La méditation sur la Croix du Christ à l’approche des vœux perpétuels dans la congrégation des missionnaires oblats de Marie Immaculée est très important et significative.
Comme pour les missionnaires oblats de Marie Immaculée, il y a des symboles qui parlent à tous… Un signe qui traverse les siècles sans perdre sa valeur et sa force . Mais il en est un qui dérange, qui bouleverse, qui questionne encore aujourd’hui beaucoup des personnes à la vue : La Croix .
Et pourtant, dans ce monde qui nous présente plusieurs modèles, il y a ceux qui choisissent librement de vivre sous ce signe de la Croix. Ils la portent sur leur poitrine signe de leur appartenance à la famille mazenodienne mais surtout dans leur cœur. Elle devient leur langage, leur souffle, leur force, leur prière et leur silence. Ces jeunes hommes qui sont en chemin vers les vœux perpétuels dans la Congrégation des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, vous êtes de ceux-là.
La Croix du Christ : un appel silencieux mais brûlant
La Croix ne parle pas comme le monde bavarde aujourd’hui. Elle ne promet pas le confort, le luxe, ni la gloire humaine ou terrestre. Elle ne vend pas un rêve de réussite ou de domination encore moins d’arriviste mais elle attire autrement par le dépouillement, par l’amour crucifié. Par un silence plus fort que tous les discours que le monde nous présente. Mais à toute personne qui l’écoute, elle murmure : « Viens. Reste là. Regarde. Aime comme j’ai aimé. Donne ta Vie totalement sans réserve. » Et c’est ce murmure qu’ils ont entendu, un jour. Pas dans le fracas des grandes certitudes, des rêves grandioses mais dans la prière, dans le silence, le discernement dans une mission, dans un regard blessé, brisé, bafoué… Là où Jésus crucifié continue de se révéler à chacun de nous.
La Croix: Le cœur battant de la vocation oblate
Saint Eugène de Mazenod n’a pas fondé une œuvre, il a répondu à un feu d’amour pour l’Eglise du Christ. Et ce feu prends sa source dans la contemplation du Crucifié : le Sauveur abandonné, oublié, ignoré, humilier par les pauvres. Ainsi, le cœur d’un oblat bat au rythme de ce mystère. Il ne fuit pas la souffrance du monde, il l’embrasse avec tendresse, avec foi, avec espérance de la croix glorieuse.
Faire les vœux perpétuels, c’est se laisser attacher à la Croix, non par fatalisme, par manque de quoi faire ni s’engager mais par amour. C’est croire que le monde peut encore être sauvé par la puissance du don total de soi. C’est devenir, à la suite du Christ, un vivant offert comme l’amour qui a poussé Saint Eugène de Mazenod: C’est l’amour seul qui a compté pour le Christ et son Église.
La Croix Oblate: Une fécondité cachée
Il est parfois tentant de chercher les fruits visibles, gigantesques, les réussites mesurables, les consolations immédiates et éphémères. Mais la Croix enseigne une autre logique : celle du grain tombé en terre. Invisible, silencieux, caché mais très fécond. Nous ne pouvons peut-être pas voir toujours les fruits immédiats de la fidélité. Mais c’est sûr que : l’amour donné ne meurt jamais. Un regard posé avec miséricorde, compassion, une parole portée dans la foi, une prière offerte dans le secret… tout cela, uni à la Croix du Christ, porte un fruit éternel.
Marie:la Mère au pied de la Croix
Elle était là, debout mais elle n’a pas fui. Elle n’a pas compris tout immédiatement peut-être, mais elle est restée car elle a aimé. Et dans ce silence maternel, une Église est née et continue d’être très féconde. Elle est là pour nous. Dans les instants de joie, comme dans les nuits de l’âme. Elle est la première oblate, la première offerte. Elle nous prend sous son manteau protecteur. Elle murmure avec eux ce oui définitif. Elle leur apprend à tenir fort , à espérer, à croire.
Dire oui “pour toujours” sous le regard de la Croix
Leur futur oui perpétuel n’est pas une formalité. C’est un acte de foi et d’amour immense : croire que l’amour de Dieu vaut toute la vie. Croire qu’il ne décevra jamais. Croire qu’il est possible de vivre pour les autres, pour l’Évangile, pour les pauvres aux multiples visages dans un don total de soi. Sous le signe de la Croix, ce oui prend tout son poids, son sens… et toute sa beauté. « Que je ne me glorifie en rien d’autre qu’en la Croix de notre Seigneur Jésus-Christ » (Ga 6,14)
Alors, que la Croix ne soit jamais un fardeau, mais un feu d’amour fou de Dieu et son Église. Qu’elle brûle pour tous d’un amour toujours plus grand pour Jésus et pour les âmes. Qu’elle configure chacun davantage à Celui que nous avons choisi d’aimer pour toujours. Et qu’en les voyant vivre sous ce signe, d’autres entendent, eux aussi, le doux appel du Crucifié: Viens à ma suite !
Père Gilbert VANDI,Omi