En pleine saison des pluies, à la pénétrante Sud de la ville paisible de Ngaoundéré, seize jeunes hommes ont posé un acte rare mais puissant : entrer au noviciat. Une réponse silencieuse mais déterminée à l’appel de Dieu, dans un monde en quête de repères face à la prolifération de plusieurs modèles ou courants de pensée.
Une vocation assumée ouvertement: Un choix contre-courant
Alors que les modèles de réussite proposés aux jeunes aujourd’hui sont souvent synonyme d’ascension sociale, de pouvoir, de confort ou de célébrité, eux, ils ont choisi autre chose : une année de silence, de prière, de discernement et de la méditation de la Parole de Dieu. Loin du tumulte des grandes villes, des tapages très forts, au pied des collines paisibles, des sapins alignés avec une belle pelouse de Ngaoundéré, ces jeunes hommes ont franchi une étape décisive dans leur cheminement vocationnel : l’entrée au noviciat Bienheureux Joseph Gérard, chez les Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, de la province du Cameroun. Cette entrée solennelle marque le début d’un processus intense de formation humaine, communautaire, psychologique, spirituelle et missionnaire, au service des pauvres aux multiples visages. Un pas radical, mais librement choisi.
La profondeur de la cérémonie simple et pleine de sens
Tôt le matin, la chapelle du noviciat s’est emplie d’une atmosphère de recueillement. Autour du maître des novices, le Père Edmond Hingbo, OMI, du délégué du provincial des missionnaires oblats de Marie Immaculée de la province du Cameroun, des prêtres, des religieux, les futurs profès temporaires et perpétuels ont répondu présents. Tous attentifs à ce moment fort : celui où, à voix haute, chaque jeune de manière individuelle manifeste son adhésion libre à s’engager dans la formation selon les normes générales de la formation Oblate. Le moment-clé de la célébration : la remise solennelle des Constitutions et Règles de la congrégation à chaque novice. Ce geste symbolise l’entrée officielle dans la vie religieuse oblate, et surtout l’adhésion à un mode de vie centré sur le Christ, dans la pauvreté, la chasteté et l’obéissance.« Le noviciat n’est pas une école comme les autres. C’est une école de vie, de foi, d’espérance et de don de soi total. C’est un laboratoire de l’Évangile », a déclaré le Père Edmond Hingbo, dans son mot d’accueil empreint de conviction et de tendresse paternelle.
Le noviciat : Un chemin de formation rigoureux
L’année du noviciat est une période de retrait du monde et ses bruits, pour mieux y revenir comme missionnaires transformés par la grâce divine. Elle est faite de silence, de prière personnelle et communautaire, de la méditation de la Parole de Dieu, d’étude des textes fondateurs de la congrégation, de travail manuel, de vie communautaire et d’accompagnement spirituel. Il faut noter que c’est un parcours exigeant, mais profondément humanisant, dans l’esprit de saint Eugène de Mazenod : former des hommes prêts à tout quitter pour l’annonce de l’Évangile, surtout auprès des plus abandonnés.
Joseph Gérard, missionnaire jusqu’au bout: Un nom qui parle et qui inspire
Ce noviciat des missionnaires oblats de Marie Immaculée de la province du Cameroun porte le nom du Bienheureux Joseph Gérard, missionnaire oblat originaire de France, qui a consacré toute sa vie à l’évangélisation en Afrique du Sud précisément aux Lesotho, sans jamais rentrer dans son pays natal. Il est canonisé pour son zèle missionnaire, il demeure une figure inspirante pour les novices d’aujourd’hui. À son image, ces jeunes sont appelés à se préparer pour une mission universelle, discrète, mais féconde qui est celle de porter l’espérance du Christ aux périphéries existentielles.
L’entrée au noviciat : Un signe d’espérance pour l’Église et la jeunesse
Dans un contexte mondial où les vocations religieuses se font rares dans les congrégations voire même dans les diocèses, l’événement de Ngaoundéré sonne aujourd’hui comme un signal fort : Dieu continue d’appeler, et des jeunes continuent de répondre, avec foi et générosité. Leur choix est un témoignage vivant pour toute l’Église, mais un message d’encouragement pour la jeunesse africaine et mondiale.« Ce que nous vivons ici aujourd’hui est une lumière pour notre Église. C’est la preuve que le Seigneur continue d’appeler, et que des cœurs continuent de s’ouvrir à Lui », a souligné le délégué du provincial le Père Gilbert VAILAM,Omi à la fin de célébration.
La mission se poursuit: Une vie nouvelle commence…
L’entrée au noviciat n’est pas une fin, mais un commencement. C’est le début d’une vie consacrée, missionnaire, tournée vers Dieu et vers les autres, dans les périphéries géographiques et humaines. C’est l’assurance que, dans le silence des forêts, des collines et des sapins de Ngaoundéré, une page de plus s’écrit dans l’histoire de la congrégation des missionnaires oblats de Marie Immaculée au Cameroun et dans le monde. Et peut-être qu’un jour, comme le bienheureux Joseph Gérard, ces novices deviendront à leur tour les témoins fidèles d’un Dieu qui se donne totalement et qui envoie.
Père Gilbert VANDI, OMI