Alors que les vacances communautaires touchaient à leur fin, un petit groupe de scolastiques des Missionnaires Oblats de Marie Immaculée, venus du Nigeria, a quitté les rives du fleuve pour regagner Garoua à bord d’une pirogue. Une traversée symbolique sur les eaux de la Bénoué, à la fois retour en communauté et pèlerinage intérieur sur les traces de leur appel missionnaire.
La pirogue comme pour l’apôtre Pierre !
Ce n’était pas un départ ordinaire. Ni un simple moyen de transport avec tous le confort. Les scolastiques en fin de séjour au Nigeria, ont repris la route vers Garoua par la voie fluviale. Non pas dans un bateau motorisé ou un bus climatisé ni en avion, mais à bord d’une pirogue traditionnelle, glissant lentement sur les eaux majestueuses de la Bénoué. Ce choix peu commun n’était pas anodin. Il s’agissait, pour ces jeunes religieux, de vivre une expérience à la fois physique et spirituelle, enracinée dans la tradition oblate, connus pour leur audace, leur simplicité et leur proximité avec les peuples.« Revenir à Garoua par la Bénoué, c’est comme rentrer chez soi en traversant son baptistère », a confié le diacre Bonaventure Ahioha, omi, le regard posé sur l’horizon, entre foi et contemplation.
Un chemin de retour en eau qui devient chemin de foi
La traversée a duré plusieurs heures. Le silence du fleuve, entrecoupé par le chant des pagaies et quelques psaumes murmurés, des conversations entre voyageurs a offert un cadre idéal pour la méditation. Loin du bruit, du confort moderne et du rythme effréné des villes, les scolastiques ont redécouvert le sens de la lenteur, de la patience, de l’abandon et de la confiance. Encadrés par un spécialiste d’eau et un guide local, ils ont longé les berges boisées, croisant quelques pêcheurs étonnés et des enfants qui saluaient depuis les rives. À chaque arrêt, une courte prière ou un chant montait vers le ciel, comme une offrande flottante portée par le courant. « Nous avons compris que le missionnaire est un homme qui avance, non pas en courant, mais en naviguant au rythme de Dieu », a témoigné un autre jeune.
Un retour aux sources de l’esprit mazenodienne
Ce parcours aquatique évoquait aussi les premiers temps de l’évangélisation en Afrique, quand les missionnaires traversaient fleuves et savanes pour porter l’Évangile là où personne n’allait. Pour les jeunes Oblats, ce retour sur les flots n’était donc pas seulement géographique. Il était symbolique d’une Église en marche, humble, proche, itinérante. À leur arrivée sur la rive de Garoua, accueillis par quelques taximans et les motos, les visages étaient fatigués, mais rayonnants. Le silence du voyage avait creusé en eux une joie profonde, une paix indéfinissable…celle qu’on retrouve quand on dit oui à l’appel de Dieu, même en pirogue avec les risques de l’eau.
Une traversée qui marque un nouveau départ
En rejoignant leur communauté, les scolastiques tournent la page des vacances pour entrer pleinement dans une nouvelle année communautaire. Mais, à en croire leurs sourires et les récits déjà partagés, quelque chose a changé.« Ce n’était pas une simple traversée. C’était une retraite sur l’eau. Un moment fort que je n’oublierai jamais », confie l’un d’eux en descendant de la pirogue, les pieds encore humides mais l’âme en feu. Sous le regard bienveillant de Marie Immaculée. Ces jeunes repartent avec l’expérience d’un fleuve dans le cœur, et une mission qui coule déjà en eux comme une source d’eau vive.


Père Gilbert VANDI, Omi