Du 07 au 10 juin 2025, le diocèse de Pala au Tchad a organisé un pèlerinage comme annonce des activités pastorales du centenaire de l’évangélisation du Tchad en 2026. Dans ce billet, nous n’avons pas l’intention d’évaluer le pèlerinage diocésain (l’organisation, la logistique, le cout, la réception, etc.). Là n’est point notre problématique. Mais nous voulons jeter un regard du point de vue de la théologie pratique pour interpréter l’impact de toutes ces activités du point de vue de la pastorale. Que représentent-elles sur l’Eglise de Dieu qui est à Pala ? Nous voulons apporter un éclairage sur ces actions, décrypter leur contenu du point de vue de la pastorale.
- L’auto réalisation de l’Eglise qui est à Pala
On parle de l’auto réalisation de l’Eglise, mieux de son auto accomplissement à l’aune des activités pastorales organisées pour le bien des fidèles. Ce bien n’est pas d’ordre matériel. Non. Il est de préférence d’ordre spirituel. Mais, que comprendre par « activités pastorales ? »
En effet, les activités pastorales sont un ensemble d’activités ou d’actions réfléchies, organisées en vue de la libération en Jésus christ. Ces activités pastorales sont les pratiques de la foi chrétienne qui donnent à une église, à une communauté chrétienne sa physionomie, sa visibilité sans laquelle l’église est absente, inexistante, dirait-on. Nous partons du cadre conceptuel de la pratique concrète, du réel concret, de l’expérience vécue pour parler d’une église réelle, partout où elle est présente (Eph. 4,12), partout où elle est vivante. Ces activités sont un lieu coopération entre Dieu et l’homme, un site humano divin.
A Pala, nous avons observé un peuple uni venu de quatre coins du diocèse. Depuis la place de l’indépendance où a commencé la marche par la proclamation de la parole de Dieu, jusqu’à la cathédrale, où l’Evêque accueillait les pèlerins par la bénédiction. Nous avons vu une église en marche et observé des fidèles en communion avec son pasteur. Comme le dit le (psaume 21), la joie était à son comble, car tous avançaient scandant des cantiques, et leurs pas s’arrêtaient aux portes de la cathédrale, empruntant la porte d’entrée centrale ; « porte sainte », avant de finir à l’aire sacrée. En effet, l’église de Pala était visible, sa physionomie éloquente, réunie autour de son pasteur. L’Eglise de Pala s’est accomplie, s’est auto-réalisée. Elle a été concrète, réelle, plausible.
Mais avec quelles activités ? Et leur impact ?
2. Activités pastorales, ses impacts.
a. L’annonce de la parole de Dieu
L’annonce de la parole est le commencement du salut (fides ex auditu). Le peuple réuni comme un seul homme a écouté cette parole lue, puis prêchée (Is 55, 10ss, Ac 13, 26 ; ICo 1, 18). Annoncée au nom de l’Eglise, Jésus glorifié agit, intervient, opère au sein de son peuple (Mt 28, 18). C’est ici le salut qui se poursuit en pointillée. Il est en acte, ce salut annoncé, même celui personnel retourne vers la communauté.Ainsi donc l’église qui est à Pala a été édifiée.
b. Le pèlerinage est en soi un voyage intérieur loin d’être un rassemblement touristique et esthétique. C’est une marche vers un lieu sacré qui nous défait de nos attaches ou amarres quotidiennes. Il signifie en fait que nous sommes des hommes et des gens de passage, et donc il n’y a pas à s’installer, à mettre des insignes sur terre, à inscrire nos noms, à nous enrichir impunément… Comme des exilés, nous marchons vers notre patrie céleste. C’est en réalité la chair de la marche qu’on a vue s’ébranlée depuis la place de l’indépendance sous les yeux des badauds curieux qui n’en comprenaient nullement le sens. Cela nous pousse comme Marie à nous mettre en route, à nous empresser, à sortir de nous-mêmes pour accomplir la mission de la joie, cette mission qui est véritablement aujourd’hui « une visitation », « une quête », une « chasse », finalement « une sortie vers les périphéries », comme dirait le regretté pape François. « Du centre de l’autel, nous devons nous sentir poussés au dehors, jusqu’ à la périphérie », disait Viktor SCHUUR, un théologien de la pratique. C’est ici le chemin de salut, de rédemption. En fait, Dieu est venu vers l’homme, et l’homme s’est préparé pour l’accueillir. Encore une fois, l’église qui est à Pala s’est auto accomplie.
c. Réconciliation et l’Eucharistie
La liturgie est sans conteste la meilleure réalisation de la pastorale. Elle est le fondement même de toute pastorale et la plus parfaite des pastorales, dit-on. La mort du Christ sur le bois de la croix a donné la naissance de l’Eglise. C’est cet acte qui est célébré dans l’Eucharistie, sommet de toutes les activités de la vie chrétienne. Y aurait-il une communauté digne de ce nom qui ne s’attacherait pas sensiblement et fortement à l’Eucharistie ? Ici, la communauté devient la demeure même de Dieu, car, « là ou deux ou trois sont rassemblés en mon nom, je suis au milieu d’eux ». Elle est ecclésiale.
Dans la célébration de l’Eucharistie, le ciel a touché la terre, levant ainsi les frontons à l’homme de voler en hauteur, de marcher vers les horizons insoupçonnés de la grâce de Dieu. Autour de son pasteur, la communauté s’est rassemblée comme des « vautours », signe d’unité visible et de communion incontestable.
Quant à la réconciliation, il faut reconnaitre que les pèlerins, assoiffés de la rencontre avec Dieu se sont présentés en quête de la miséricorde de Dieu. A travers le sacrement de la réconciliation, Dieu s’est manifesté comme un Pasteur à la recherche des brebis perdues. Il a mis ses pas dans les pas du pécheur, apportant ainsi la consolation, la vie, le renouvellement de l’homme. Chaque chrétien a compris qu’il est pécheur et, qu’en communauté, ensemble, ils sont orientés vers un salut solidaire. Le peuple a bénéficié comme « église » des indulgences accordées par l’Evêque. N’est-ce pas que le salut était présent dans les âmes ? Et que l’église a été sanctifiée ? Qui en douterait un seul instant !
CONCLUSION
La véritable physionomie de l’Eglise ne peut se mesurer qu’à l’aune de ses activités pastorales à travers lesquelles elle se construit, s’auto-réalise ou s’auto-accomplit. Le pèlerinage diocésain a montré cette auto réalisation, cette visibilité d’une Eglise en communion, en marche. L’impact des activités pastorales organisées ne saurait être mesuré à leur juste valeur sans la foi. Nous pouvons affirmer sans peur d’être contredit, que Dieu a agi, il a répandu sa grâce abondamment à son peuple assoiffé de désir de le rencontrer et de le trouver. La communauté chrétienne de Pala s’est véritablement édifiée, construite. Ici, l’Eglise a été visible, vivante.
LIN KIEKIE ESABA EMBU, O.M.I




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